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Comment rédiger une charte d’utilisation de l'IA en entreprise : le guide pratique 2025

Comment rédiger une charte d’utilisation de l'IA en entreprise : le guide pratique 2025
Leïla Sayssa
Leïla Sayssa
6 novembre 2025·6 minutes de lecture

Pourquoi votre organisation a besoin d’une charte IA dès maintenant

L’intelligence artificielle s’intègre dans tous les métiers, souvent sans cadre formalisé : assistants IA, automatisations, outils de génération de contenu, copilotes métiers…
Mais derrière ces gains d’efficacité se cachent des risques juridiques, éthiques et de conformité : fuite de données, biais algorithmiques, perte de contrôle sur les décisions, ou encore non-respect du Règlement (UE) 2016/679 sur la protection des données personnelles (RGPD) et du Règlement (UE) 2024/1689 sur l'intelligence artificielle (RIA ou AI Act).

La charte d’utilisation de l’IA devient ainsi un outil de gouvernance incontournable.
Elle fixe les règles et bonnes pratiques pour sécuriser, structurer et responsabiliser les usages de l’IA, dans le respect des exigences éthiques, réglementaires et de conformité.

Objectif : offrir une boussole pour innover avec éthique, protéger l’entreprise, rassurer les équipes et anticiper les obligations de l’AI Act.

1. Phase préparatoire : poser les bases

a) Qui et comment démarrer la démarche

  • Identifier le sponsor, la gouvernance (“qui porte la charte”), impliquer les parties prenantes internes (IT, juridique, RH, métiers).

  • Réaliser un état des lieux : quels outils IA sont déjà utilisés, quelles données sont concernées, quelles pratiques “shadow” existent.

Avant toute rédaction, il faut identifier les IA utilisées dans l’entreprise, y compris celles intégrées sans validation officielle (le “shadow IT” ou le "shadow AI"). Cela passe par une analyse des flux de données, des outils génératifs, des automatisations et des connecteurs. **Objectif : obtenir une vision claire des usages réels et des risques associés.

b) Questions clés à se poser

  • Quels outils IA sont employés aujourd’hui (chatbots, IA générative, copilotes, etc.) ?

  • Quelles données sont traitées ? Souvent : données sensibles, secret d’affaires, données personnelles, etc.

  • Dans quels cas d’usage souhaite-t-on autoriser l’IA et dans lesquels l’interdire ?

  • Comment l’usage s’aligne-t-il avec les valeurs et les objectifs de l’organisation ?

La rédaction d'une charte IA est une démarche collective. Son efficacité repose sur l’implication des parties prenantes : direction, IT, juridique, RH, métiers, DPO, et parfois partenaires externes.

Cette co-construction permet de définir les valeurs, les objectifs et les lignes rouges de l’organisation

c) Cartographier risques et obligations

Chaque usage d’IA doit être analysé selon plusieurs angles :

  • RGPD et sécurité des données,

  • risques éthiques et biais algorithmiques,

  • impact métier et décisionnel,

  • conformité réglementaire (AI Act).

L’entreprise doit ensuite établir une matrice de risques priorisée pour chaque outil ou usage.

Objectif : évaluer de manière factuelle le risque associé à chaque cas d’usage IA et identifier les mesures d’atténuation nécessaires.


2. Structurer la charte : éléments essentiels à inclure

Voici les rubriques incontournables identifiées dans les bonnes pratiques :

a) Préambule

  • Objectif de la charte, adapté au contexte d’usage de l’IA dans l’organisation.

b) Champ d’application

  • À qui s’adresse la charte (salariés, prestataires, stagiaires…) ; quels systèmes et cas d’usage sont couverts.

c) Définitions

  • IA générative, données sensibles, prompt, utilisateur autorisé, etc.

d) Objectifs et portée

  • Que la charte vise à encadrer l’usage, compléter les politiques existantes (RGPD, sécurité, déontologie).

e) Principes directeurs

  • Primauté de l’humain, transparence, explicabilité, respect des droits fondamentaux, équité, sécurité, responsabilité, innovation responsable, traçabilité.

f) Usages autorisés / usages interdits

  • Comment définir exemples concrets : “autorisé : brouillon d’email non confidentiel”, “interdit : données clients dans prompt”.

g) Mesures de contrôle et protection

  • Blocage d’outils non approuvés, limitation d’accès, audits, suivi.

h) Formation et accompagnement

  • Sensibilisation, formation pratique, ateliers prompts, etc.

i) Sanctions

  • Régime disciplinaire en cas de non-respect.

j) Gouvernance, mise à jour, opposabilité

  • Annexe au règlement intérieur, comité IA, revue périodique.

k) Engagement des collaborateurs

  • Signature, engagement individuel, clause de responsabilité.

3. Rédiger la charte : bons réflexes

  • Utiliser un langage clair, accessible à tous (éviter le jargon juridique).

  • Illustrer par des exemples concrets (cas d’usage internes) pour que chaque collaborateur visualise.

  • Adapter le document au contexte de l’organisation (taille, secteur, typologie de données).

  • Penser au format opérationnel, pas uniquement théorique. Prévoir un document court, annexes, FAQ, pictogrammes.

  • Impliquer les utilisateurs finaux dans la relecture pour s’assurer de la compréhension.


4. Mise en œuvre et suivi : transformer la charte en action

  • Communication interne : diffusion, formation, module e-learning.

  • Intégration : annexer au contrat de travail, au règlement intérieur.

  • Suivi et contrôle : audit des usages IA, suivi des indicateurs (ex. % d’outils IA approuvés, incidents).

  • Actualisation : revoir la charte régulièrement pour intégrer nouveaux outils, nouvelle réglementation (AI Act).

  • Gouvernance : prévoir un comité IA, un référent conformité, liaison avec le DPO.

  • Sessions de sensibilisation à destination des équipes, FAQ internes pour répondre aux questions pratiques.

Une charte utile n’est jamais figée. Avant sa publication, elle doit être relue et validée par les parties prenantes internes, puis ajustée selon leurs retours. **Objectif : transformer la charte en réflexe collectif et non en simple document de conformité.


5. Erreurs fréquentes à éviter

  • Copier-coller une charte générique sans analyse interne. Ne pas adapter le contenu à son contexte (secteur, taille, typologie de données) → mauvaise compréhension.

  • Ne pas cartographier les usages ou les outils avant la rédaction → risque d’oubli ou d’inadéquation.

  • Négliger la formation des équipes et ne pas sensibiliser les utilisateurs : alors la charte reste lettre morte.

  • Rédiger un texte trop juridique, incompris des utilisateurs.

  • Rédiger la charte comme simple “document de conformité” sans appropriation métier.

  • Oublier d’évaluer les biais et la transparence des IA utilisées.

  • Ne pas prévoir de sanction ou de suivi → manque de crédibilité.


Conclusion

La charte est un outil stratégique pour accompagner l’innovation, limiter les risques, construire la confiance. C'est une démarche structurée combinant réflexion interne, rédaction adaptée, formation et gouvernance.

Chez Dastra, nous accompagnons les entreprises dans cette démarche : de l’audit des usages IA à la rédaction du template de charte, jusqu’à la formation des équipes et la mise en place du suivi opérationnel avec notre registre des systèmes d'IA et bien plus.


A propos de l'auteur
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